La Tunisie concède la défaite devant les Comores: Le choc qui tombe à pic

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La défaite inattendue face aux Comores a eu le mérite de nous ouvrir les yeux sur les carences et les limites de notre sélection qui n’a plus sa place et son statut dans la cour des grands d’Afrique.


Alors qu’elle semblait bien partie pour une troisième victoire dans ces éliminatoires de la CAN Maroc 2025 qui la mettrait à une place très confortable en tête de son groupe, l’équipe de Tunisie a pris une véritable douche froide face aux Comores et s’est inclinée par 1 but à 0. Cette défaite est la première à domicile depuis 2012 en matches de qualification de la Coupe d’Afrique. C’est dire combien la déception est immense après ce revers qui nous a fait revenir une nouvelle fois sur terre et au triste constat que la grande équipe de Tunisie, celle qui pratique le meilleur football, qui séduit et gagne par un excellent jeu proposé, on en est encore très loin. Avec ce faux pas cruel, survenu après une victoire à l’arraché sur le Madagascar et un succès pas très convaincant contre la Gambie, on a même l’impression qu’il y a régression dans la prestation collective malgré la venue de Faouzi Benzarti aux manettes avec tambour et trompette. Cet échec cuisant a le mérite de nous réveiller de notre torpeur et de nous montrer qu’on a bien intérêt à ne pas continuer à dormir sur nos oreilles, à rectifier à temps le cap et à corriger les grandes lacunes qui persistent malgré le choix d’un nouveau staff.

Feu de paille

Quand on se fait bousculer, perturber et piétiner et se faire doucher chez soi par des Comores qui n’ont réussi dans ces éliminatoires que deux nuls par 1 à 1 contre la Gambie et le Madagascar, c’est la preuve que nous sommes sur le plus mauvais des chemins. On ne peut pas nier que sur l’ensemble des débats, les “Aigles de Carthage” ont eu davantage le ballon que leurs adversaires, mais ils ont eu des difficultés énormes dans l’approche, la création de danger et de grandes occasions dans le périmètre du but du portier des Coelacanthes, Pandor, qui s’était attendu à tout sauf à une soirée sans grosses frayeurs et pratiquement tranquille si l’on fait exception du ballon de Ferjani Sassi sur le poteau ( 17 ‘ ), de la tentative de lob de Mohamed Amine Ben Hmida (62 ‘) détournée au-dessus de la barre et de la balle de l’égalisation de Hamza Rafia passée injustement et miraculeusement à côté. Ce n’était que quelques petites éclaircies dans une profonde grisaille qui ne peuvent faire oublier ce douloureux passage à côté de la plaque. Ça n’a pas servi d’avoir ce taux de possession plus élevé du ballon, sans pouvoir impulser le rythme dans cette phase de suprématie, sans mettre de la vitesse, de l’intensité, de la percussion pour créer ces décalages qui désorientent l’adversaire dans sa surface et le rendent vulnérable et le fragilisent sur le plan défensif. Pourquoi ? Eh bien, parce qu’on a joué trop à l’aveuglette, sans repères collectifs, sans cohérence dans le système, sans clarté dans les rôles et les tâches pour les joueurs alignés que ce soit au départ ou après les changements tardifs effectués. L’ABC de l’attaque placée qui est de fixer d’abord le jeu dans l’axe, d’écarter ensuite sur les côtés puis de revenir à l’intérieur pour attaquer en masse et en supériorité numérique, on l’a perdu. Les choix des joueurs sur les couloirs n’ont pas été une réussite et il n’ y a pas eu cette entente parfaite et cette complémentarité nécessaire pour combiner, dédoubler efficacement et être suffisamment percutants et tranchants dans les percées. Au niveau de la relance à partir des demis de liaison défense-attaque, il y a eu un grand mal à ressortir la balle et à relancer rapidement en phase de construction.  On a aussi perdu l’ABC du repli en phase défensive qui est de cadrer le porteur de la balle adverse pour ne pas se faire prendre de vitesse et se faire éliminer, pour resserrer les rangs et bien fermer les accès à l’intérieur et aux alentours de notre surface. La leçon des belles transitions rapides est venue des Comores qui, sur deux contres bien orchestrés, nous ont piégés par le but de l’attaquant de Troyes Rafiki Said ( 63 ‘ ) et ont manqué de très peu de faire le break de la même manière, avec un tir limpide dans le même angle droit par Maolida, détourné cette fois du bout des doigts par Memmiche sur le poteau (73‘). Et quand on n’a plus cette arme offensive dans les trente derniers mètres, ce joueur de classe qui peut faire à lui seul la différence sur exploit individuel, on ne peut que se résigner au fait qu’on peut laisser des plumes même face à une équipe classée 113e dans la hiérarchie mondiale.  Ce qu’on reprochera en plus à Faouzi Benzarti c’est que, devant l’écart qui n’est plus énorme entre les titulaires et les remplaçants, les joueurs expatriés et les locaux, les Houssem Tka, Bilel Mejri, Bilel Ayet Malek, Chiheb Jebali auraient mérité plus de temps de jeu et plus de confiance, plus que d’avoir été choisis comme des jokers de façade. On aurait pu peut-être éviter le pire et offrir un visage pas aussi alarmant que celui montré avant-hier. On verra mardi à Abidjan si les leçons de cette défaite humiliante et de cette  pitoyable prestation ont été retenues.

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